Maitrise du salissement Moins d’IFT en production de semences
Robert et Guillaume Pagès, producteurs de maïs semences, sont parvenusà diminuer leur utilisation d’herbicides en combinant plusieurs leviers techniques.
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«Le point de départ a été notre engagement dans une MAE (1) territoriale », explique Robert Pagès, installé avec son fils Guillaume en Gaec. L’exploitation est située sur le bassin-versant d’un lac utilisé pour l’irrigation et l’eau potable, classé comme captage prioritaire dans le cadre du Grenelle de l’environnement. » En 2010, il s’engage à baisser son IFT (2) herbicide de 50 % en cinq ans. « Cela a été difficile, admet-il, mais l’objectif a été atteint » grâce à l’adoption de plusieurs techniques. La production de maïs semences est très exigeante sur la maîtrise du salissement des parcelles, notamment car les plants coupés laissent davantage passer la lumière.
« Mais des solutions existent », déclare l’agriculteur. Les allongements de rotations et l’investissement dans du matériel de désherbage mécanique (herse étrille, désherbineuse) ont été réalisés sur l’exploitation.
60 cm d’écartement
« Nous semons à 60 cm d’écartement, c’est une arme supplémentaire qui n’est pas négligeable », ajoute l’exploitant. Cette densification gêne le développement des adventices en comparaison à un semis classique (80 cm). Le matériel, en majorité en Cuma, est adapté à cette mesure. Pour gérer ces inter-rangs serrés en zone de coteaux, les tracteurs ont été équipés en RTK. Ce système de guidage a également permis d’optimiser les traitements phytosanitaires, en combinaison avec les coupures de tronçons et le système DPA (débit proportionnel à l’avancement).
Parallèlement à cela, Robert précise n’employer les herbicides qu’en conditions météo favorables et à bas volume (50 l/ha). « On ne traite qu’à des taux hygrométriques optimaux, c’est-à-dire la nuit ou tôt le matin. » Au-dessus de 60 %, la volatilisation est limitée et l’hydratation des feuilles est meilleure. De plus, l’irrigation par pivot a également des effets satisfaisants : « Après un passage d’herbicide, un tour d’eau aide à la fixation du produit sur les adventices. »
Se tourner vers les couverts
Autre moyen d’améliorer l’efficacité de certains désherbants : faire attention à la qualité de l’eau de pulvérisation. Sur le secteur de l’exploitation, elle est calcaire, et les agriculteurs la traitent au sulfate d’ammonium. « Par ailleurs, les établissements semenciers nous ont aidés, en nous attribuant des variétés plutôt précoces qui s’adaptent à notre façon de faire », note le producteur. En outre, la récolte s’effectue autour du 15 septembre, ce qui permet de bénéficier de davantage de temps pour travailler les sols.
Même après la fin de la MAE en 2015, la démarche de réduction reste d’actualité sur l’exploitation. Depuis 2016, les deux agriculteurs mettent en place des couverts végétaux (un mélange de féverole et de phacélie) sur l’ensemble des surfaces. « Ils limitent l’apparition des adventices. Ce n’est pas évident mais on va encore y gagner, estime Robert. D’autant plus qu’en production de semences, les maïs sont semés un peu plus tard que pour la consommation, ce qui laisse plus de temps au couvert pour se développer. »
Un itinéraire à adapter
L’itinéraire technique, qui avait été mis en place jusqu’en 2015, a été modifié pour s’adapter à cette nouvelle démarche. Par exemple, l’usage de la herse étrille n’est plus possible en raison des bourrages que les couverts occasionnent. « Tous les ans, on fait des erreurs et on apporte des corrections », souligne l’exploitant. Par exemple, l’année dernière, le printemps a été froid et les couverts ont desservi les maïs semés tôt en ralentissant le réchauffement du sol. « Mais on est gagnant sur le salissement et sur la qualité du sol. »Hélène Parisot
(1) Mesure agroenvironnementale.
(2) Indicateur de fréquence de traitements.
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